La célèbre cité médiévale de Domfront-en-Poiraie, dans l’Orne, située au croisement de 3 grands itinéraires cyclables et accueillant près de 200 000 touristes à l’année, a choisi d’innover et de faire comme Paris en déployant des vélos électriques en libre-service. Une application smartphone téléchargée ou un badge récupéré en agence, et c’est parti pour un tour en vélo avec assistance électrique pour plusieurs dizaines de kilomètres. Loisirs, familles, shopping, domicile travail… une dynamisation à forte valeur ajoutée pour le territoire.
Alors que Paris est englué dans la mise en place de son vélo électrique en libre-accès, Domfront a opté pour une solution nouvelle qui ne nécessite pas de travaux de génie civil ou d’électrification mais propose tout de même des bornes d’attache, un excellent compromis entre la légèreté et le respect de la voirie. Précurseur, certainement. Ambitieux, surement. Accompagnée par la start-up médiatique Écovélo qui lui a fourni les vélos, les batteries, la technologie brevetée, les tablettes tactiles pour s’inscrire, l’Application smartphone dans le store, les badges NFC, les bornes et tout le système d’information lui permettant d’être autonome et de percevoir les revenus des locations, soutenue par Primagaz qui cofinance l’opération, c’est avec enthousiasme que la Ville de Domfront s’apprête dès le 15 Mai prochain à tester en avant-première mondiale la solution dénommée « Titibike », fonctionnant avec et sans borne de stationnement.
Des innovations fortes qui raviront les petites et moyennes villes
C’est le crédo d’Écovélo, cette PME nantaise soutenue notamment par Renault (Programme Mobiliz) qui se positionne en acteur transversal de la mobilité : faire mieux et moins cher pour permettre aux villes moyennes de s’offrir un vélo libre-service extra-performant et très flexible dans sa mise en œuvre. Parmi les nombreuses innovations, nous retenons surtout :
– la réservation des vélos 10minutes en avance
– l’ouverture d’un service de transport 24/7 pour des villes qui n’ont pas de bus de nuit
– l’alarme antivol paramétrable
– l’utilisation large via Application, navigateur web, badge, CB sans contact ou encore SMS
– la multi-location de type « famille » avec un seul compte utilisateur pour plusieurs vélos
– les panneaux solaires sur les vélos qui alimentent la technologie embarquée
– les bornes sans génie civil posées ou déplacées en 5 minutes, et qui restent optionnelles
– le rendu « forcé » n’importe où (sans-borne) s’il n’y a plus de places de libre sur la station
– un vélo 100% français fabriqué en Vendée et distribué depuis Nantes
Un enjeu national de mobilité douce dans les territoires peu denses
Dans la lignée des Assises nationales de la Mobilité lancées par Elisabeth Borne fin 2017 et le plan Macron de dynamisation des villes petites et moyennes lancé au printemps 2018, la ville de Domfront réalise cette saison un test grandeur nature pour identifier les conditions d’un déploiement plus large et maitrisé en 2019. En se dotant de 20 vélos hybrides électriques répartis sur 4 stations, ayant chacun de 20 à 40 km d’autonomie selon le niveau de batterie disponible, c’est un véritable lancement empirique qui va permettre d’observer le service en situation et de l’ajuster en temps réel (position des bornes, nombre de vélo, tarifs, gestion des batteries, expérience utilisateur…). « Si c’est une réussite, les communes voisines pourraient bien décider d’élargir le champs des possibles et proposant elles aussi des stations de vélos, ce qui favorisera le tourisme sur un territoire élargi et augmentera mécaniquement la part modale « Vélo » des déplacement domicile-travail, ce qui est l’objectif du gouvernement et des acteurs locaux » commente Sébastien Bourbousson, Directeur d’Évovélo. Bernard Davy, maire-adjoint de Domfront en charge du projet Titibike explique les raisons principales de leur choix technique inédit :
« La flexibilité de la solution Titibike nous permet de tester le service sur une saison et notamment les lieux de déploiement sans investir lourdement sur le génie civile ou l’électrification des stations, tout ayant la garantie de sécurisation des vélos. Les usagers bénéficient qui plus est d’un accès au service
large et pratique grâce aux badges, à la CB, l’Application ou encore les tablettes tactiles disponibles à l’Office du tourisme ».
Pourquoi cette première mondiale va-t-elle chambouler les codes du marché du vélo ?
Les offres de vélos en libre-service dans les grandes Métropoles ont explosé ces derniers mois avec l’arrivée des sociétés chinoises de « freefloating » (vélos libre-service sans borne) qui s’emparent sauvagement de l’espace publique à des fins privées et mettent en place des milliers de vélos en quelques jours. Face à cela, la déroute du nouveau Vélib ne fait que conforter l’astucieuse technologie chinoise qui ne nécessite aucun génie civil. Une application téléchargée, et le vélo se débloque immédiatement, il pourra être rendu presque n’importe où. Même le grand
opérateur de parking, Indigo, s’est mis à déployé des vélos chinois « sans borne » en profitant de sa position d’acteur français pour se différencier. Alors que l’on voit de plus en plus de vélos « sans borne » amassé sur les trottoirs, bloquant la circulation ou jetés n’importe où, les acteurs historiques français restent campés sur leurs positions et prônent la mise en place de bornes pour mieux gérer les flux, mieux maitriser l’occupation de la voirie et assurer un meilleur service d’exploitation. Mais face aux dizaines de milliers d’euros que coûte chaque station (apport électrique, réseau internet, travaux de voirie) et aux difficultés de mise en service comme à Paris, les villes moyennes se retrouvent bien seules face à leur besoin : aucun acteur de freefloating ne cherche à venir sur leur territoire trop peu dense, les solutions historiques sont hors de prix et ne permettent pas d’expérimenter, la voiture est toujours reine. En proposant un vélo français électrique et hybride permettant le mode de fonctionnement « avec borne » ou « sans borne », la start-up Écovélo donne la réponse à ce marché de la location de vélos empreint de schizophrénie ces derniers mois.
Accompagnée par des Géants de la mobilité, Écovélo n’a plus qu’à prouver la robustesse in situ de son système pour probablement devenir la solution la plus raisonnable et la plus économiquement viable pour les villes moyennes, si seules face à la bataille de la mobilité douce. Ensuite, il n’est pas exclu que certaines grandes villes choisissent aussi cette solution tant elle est flexible et multifonctionnelle.
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