Que peux-tu nous dire sur ton vélo Motobécane MC11 ?
Il s’agit d’un Motobecane MC11 de 1980. J’avais été emballé par les superbes vélos restaurés qu’on trouve sur le net et notamment sur votre site. Et comme j’étais à la campagne depuis les derniers soubresauts sanitaires je cherchais un vélo pour profiter des balades et garder la forme. En regardant ce qui se fait sur le marché j’ai vu que c’était assez cher et acheter un vélo fait à l’autre bout du monde à ces prix là et en plus (souvent) lourd ne m’emballait pas.
Alors ,comme je suis bricoleur j’ai franchi le pas. Le problème était pour moi de trouver un vélo à ma taille. Je fais 1m95. Pas évident. Mais j’ai eu la chance de trouver celui-ci pas trop loin alors j’ai sauté le pas. Evidemment c’est un Motobecane. Dans ma région on trouve surtout ça, les usines étaient dans le coin et quand j’étais petit on avait tous un oncle ou une tante qui travaillait chez Motobecane MBK. Alors cela m’a parlé tout de suite.
Grâce à des forums j’ai pu trouver des infos et même le catalogue de l’époque. Et il s’est avéré que c’était un vélo de course milieu de gamme sorti des chaînes en Mai 1980. J’étais content de lui trouver une histoire, ça donne un petit plus. Tandis que j’étais parti pour tout moderniser, au contraire j’ai appris sur ses qualités et cela m’a donné envie de conserver au maximum les pièces originales et d’optimiser ce qui pouvait l’être. L’idée était de faire un vélo épuré et conservant ses qualités routières.
Qu’as-tu fais comme modifications ?
En le démontant pour le nettoyer puis repeindre, j’ai découvert que toutes les pièces étaient Made in France. Toutes jusqu’au réservoir à graisse du roulement de pédalier qui est pourtant en plastique! Cela m’a énormément touché de voir la qualité de ce qu’on savait faire, car l’état était vraiment bon. J’ai donc essayé de conserver le maximum de pièces originales et me suis encore plus que prévu, attelé à les restaurer, nettoyer, polir.
– Les roues, des Rigida superchromix que je pensais en bon état, avaient en fait pour l’une d’elle le chrome qui cloque. Elles avaient dû séjourner dans une cave au sol humide. Je les ai donc sablées et repeintes avec de la peinture pour jantes coloris silver afin de ne pas perdre trop l’aspect métal.
– La peinture qui me semblait en bon état était en fait toute pleine d’éclats. Comme des chocs de gravillon sur une voiture. J’ai donc démonté totalement le vélo et je me suis lancé dans la réfection de la peinture. Non sans appréhension.je voulais que cela soit impeccable. Je n’avais jamais fait de peinture de carrosserie,bien que très bricoleur et ce fut l’occasion d’inaugurer mon pistolet à peinture pneumatique. Le choix m’occupe quelques jours et finalement un vert anglais est ce qui, étant fan de voitures anglaises, m’appelait le plus. N’étant pas convaincu par les coloris métalliques, pas sûre de moi non plus, j’ai hésité et finalement me suis dirigé vers une peinture Candy. Le vert est bien vert mais accroche très bien la lumière.
J’ai changé la chaine pour une chaîne plus légère, tous les câbles de vitesse et freins et les patins de frein. Ensuite, j’ai remplacé les gaines devenues cassantes par des gaines Jagwire silver dont le tressage façon durite aviation fait merveille et complète très bien le style. Puis j’ai changé les caches poussières originales des pédaliers, dé chromés et fendus, les galets du dérailleur car ils étaient usées et il manquait 2 dents à l’un d’eux. Ensuite, j’ai ajouté une béquille, car à l’époque, les courses n’en avaient pas. Et une sonnette en laiton.. Enfin, j’ai remplacé tous les roulements de direction et de pédalier et démonté, nettoyé graissé tous les moyeux. Et pour terminer, j’ai changé les fonds de jante,chambres a air et les pneus. Je voulais des pneus marrons pour aller avec le vert du cadre et j’ai eu du mal à les trouver.
Ah oui ! J’ai remplacé les bouchons de guidon usés par des modèles en alu Minelli (car les sublimes vélo vintage de cette marque me font rêver) et ajouté la pompe chromée car pas moyen de mettre la main sur une pompe au format d’origine (46cm ! ). Pour protéger toutes les parties en alu poli, j’ai utilisé de la cire microcristalline. Cela évitera le dépôt d’alumine et conservera ce brillant chaud qui complète très bien le vert.Finit l’entretien pour un moment ! Enfin, une fois fini, le logo était tout usé et j’avoue que j’étais contrarié. Je trouvais que cela faisait un peu nu. Pour me faire plaisir, un ami m’a offert un badge Cinelli , alors même si c’est « sacrilège » je l’ai posé et je ne regrette pas, il est très beau.
Qu’est ce qui t’a le plus amusé ?
La sellerie. J’ai conservé la selle originale mais elle était déchirée. J’avais la chance d’avoir de côté une peau d’alligator qualité ganterie (très souple et élastique) venant de chez Hermès et qui me restait d’un chantier. Et donc, toujours dans l’idée de faire quelque chose de plus élégant j’ai supprimé l’ancien simili, remis une mousse à mémoire de forme de 10mm et tendu la selle avec la partie ventrale de la peau. J’avais trouvé sur le net aux USA quelque chose de très joli et dans un esprit un peu Italien, je me suis donc inspiré d’une célèbre marque de maroquiniers florentins pour habiller le guidon avec ce même cuir que j’ai coupé en lanières de 8mm puis piqué, posé sur le cintre puis tressé autour.
Mais je ne regrette pas du tout, cela me plait et en plus c’est très confortable à l’usage. Enfin comme il me restait des morceaux j’ai fabriqué la petite sacoche de selle pour mettre les clefs et le nécessaire en cas de problème sur la route.Je me suis également offert le petit luxe de gainé les cocottes d’origine.
Où as-tu trouvé le matos que tu as monté ?
J’ai commande la peinture chez Stardust. Les kits sont bien conçus. La pompe, superbe (mais pour un usage dépannage plus que pour J’ai commandé la peinture chez Stardust. Les kits sont bien conçus. La pompe, superbe (mais pour un usage dépannage plus que pour tous les jours) vient de Lecyclo.com. Les caches poussières, LA pièce qu’il me manquait, viennent de chez Cycling Vintage. Les gaines Jagwire que j’ai cherché partout, je ne les ai trouvées que chez Bikester.com.
Les bouchons de cintre viennent de chez Amazon. Les câbles , chaînes et plaquettes, les fonds de jante et chambres a air, la sonnette de chez Décathlon. Les galets de dérailleurs ont été débusqués chez un particulier via Le Bon coin (comme le vélo d’ailleurs). La mousse de selle vient de chez Houles. L’alligator de chez TCIM (Hermès). Le cirage traditionnel pour le cuir vient de chez Mallard. Les roulements viennent de chez Amazon.
Comment s’est passée la transformation de ton Motobécane ?
J’avais beaucoup d’appréhension car je ne connaissais rien à la mécanique du vélo. Mais grosso modo je dirais que cela s’est bien passé. Une centaine d’heures au total. A ceux qui hésitent je dirais de se lancer. C’est plus impressionnant que ça n’en a l’air et Youtube est une mine pour ceux qui cherchent des tutos en plus de l’inspiration grâce à des sites comme le vôtre. Le plus fastidieux a été le polissage complet des pièces en alu. Potence, dérailleur, freins, pédalier.Ils n’étaient pas lisses au départ et je les ai polis avec des pâtes abrasives pour orfèvrerie et finis au miror pour obtenir un résultat bien lisse. La partie peinture a été une surprise car je pensais vraiment qu’il ne s’agissait pour les roues et le cadre, que de saleté. En fait non. Cela demande une petite organisation mais au final ça en vaut la peine.
Des problèmes lors de la restauration ?
Effectivement quelques soucis. Les roues tout d’abord. Il m’a fallu mettre un primaire spécial chrome pour que la peinture des jantes tienne. J’avais des appréhensions au niveau des jantes avec le freinage mais la structure alvéolaire des rigida garantit une très bonne accroche. D’ailleurs les patins laissent du caoutchouc sur la peinture car ça freine vraiment bien. Après la déception, je ne regrette pas d’avoir conservé les roues, elles sont belles et la peinture donne vraiment l’impression d’un métal satiné et non d’une peinture. La peinture de cadre est superbe mais a y réfléchir je ne referais pas un candy. C’est trop de travail je pense. Il y a 3 couches (je n’avais pas besoin d’apprêt car j’avais juste poncé la peinture et non décapé a nu).
C’est assez énervant. Comme je suis perfectionniste, j’ai ensuite attendu 1 semaine pour faire une finition. Le ploir et le lustrer avec du papier à l’eau grain 1500, 2000, 3000 puis lustrage avec du Niko. C’est superbe mais en vrai, je pense qu’une belle peinture métal vernis en 2 couches aurait produit un résultat qui m’aurait ravis également. Et avec bien moins de travail. Le tressage du guidon a également été une aventure à laquelle je ne m’attendais pas. Techniquement, tressage du cuir en diagonale sur des courbes rentrantes et sortantes n’est pas si facile que cela y parait. Il m’a fallu ruser mais franchement je ne regrette pas.
Heureux ?
Totalement. Je ne cesse de le trouver beau et franchement il tourne bien. Un véritable plaisir. Il n’est pas lourd, il est très maniable et grâce à sa grande taille (62cm) je suis confortable dessus. Dès qu’il fait beau je fais une trentaine de kilomètres par jour et j’ai hâte de l’utiliser aussi en ville. Je suis tellement content du résultat que j’envisage de restaurer un autre vélo. Mais de type gravel pour pouvoir aller sur davantage de chemins. Et quitter plus souvent la route, toujours dans le même esprit classique épuré avec quelques détails « luxueux ». Je cherche déjà le cadre mais en xl , pas évident …
Le chariot de selle est monté à l’envers