Bonjour Gaël, comment commence l’histoire de ton vélo ?
Bonjour à toutes et à tous. Cet été j’ai fabriqué un premier vélo suite à un pari trop arrosé. Sachant que je ne faisais peu ou pas de vélo à part pour aller au bistro. Le pari était de fabriquer un vélo en une semaine, qu’avec des outils à main, pas de recherches internet, le dessiner à main levée, fabriquer un cadre en bois et faire au moins 500 km avec !
Et tu as accepté ?
Oui, pari réussi. J’ai fabriqué un vélo en forme de T. Il roule toujours, reste rigolo à rouler mais la fourche est beaucoup trop droite et le care est mou et lourd. Suite à ce premier vélo, je me suis mis à regarder sur le net d’autres vélos en bois. J’ai regardé les formes de cadre suivant le programme et la morphologie, les angles de fourches et leur importance, la position du pédalier et aussi sa garde au sol, etc.
Tu as donc décidé de fabriquer un autre vélo ?
Oui, une fois toute ces données comprises, je me suis mis à dessiner mon cadre idéal. Ce serait un vélo de piste plutôt léger et très rigide. De quoi accélérer, de quoi jouer avec et très solide. La solution fut de revenir vers un design plus classique et de travailler sur un cadre évidé pour gagner en poids sans perdre en rigidité. La forme choisie fut donc un cadre en double triangle inversé, très rigide en torsion (gros tube) car je fais 95 kg. Un angle de tube de selle de 73 degrés (assez couché pour avoir du couple mais assez droit pour ne pas se faire mal au dos),
une fourche à 71 (vélo plus stable à grande vitesse, possibilité de charger dans les courbes et une trajectoire plutôt droite en danseuse). Enfin un cadre plutôt haut avec une garde au sol un peu plus haute pour pouvoir pédaler dans les virages sans mordre mais pouvoir mettre des manivelles de bonne taille pour avoir du couple.
Et au niveau des pièces ?
Les roues sont du A40 Pista qui ne sont pas trop chères, rigides et pas horriblement lourdes. Les roulements sont pas top par contre. Pour les pneus je voulais du solide car je ne pars jamais avec de quoi dépanner une crevaison et j’aime bien faire des tours d’une soixantaine de kilomètres. j’ai choisi des Thickslick. Pour la fourche, j’ai acheté une fourche carbone sur le net à 50 euros. Une fois reçue je l’ai fixée entre deux points et je me suis mis debout dessus pour voir si ça tenait. Pas de problème c’est donc ok pour moi. Le jeu de pignon sont du Blb haut de gamme. Le reste est du Miche.
Côté ratio ?
En ratio j’ai essayé pleins de trucs et j’aime bien avoir du 48/15 en roue libre et du 50.14 en fixe mais je change suivant ma forme.
Peux-tu nous dire comment tu as fabriqué le cadre ?
Le bois utilisé est du frêne pour sa résistance au choc, son poids léger, et aussi sa bonne tenue dans le temps. Le cœur serra évidé car cela n’apporte rien en résistance des matériaux et fait du poids pour rien. Les côtés ou peaux, lieux de tous les efforts mécaniques sont en Ipé. C’est lourd (je sais ce n’est pas top), plus résistant que de l’aluminium en traction et possède une très forte dureté. Le tout va ajouter de la rigidité au cadre, une protection contre les petits choc de tous les jours et puis du bois rouge c’est sympa tout de même. Après il y a aussi du chêne en placage sur les deux supports de selle arrière pour sa grande résistance en compression (on construit pas des charpentes avec pour rien).
Le cadre est donc composé de lamelles de bois de 3 à 5 mm d’épaisseur qui vont être découpées suivant la forme du cadre et orientées suivant les efforts. Les fibres sont dans le sens des efforts et on les croise pour avoir des propriétés plus homogènes (comme on ferait avec du carbone). Les différents éléments sont découpés à l’aide de patron prélevé sur le plan à échelle 1/1 et puis mis en place sur un mannequin pour garantir le bon positionnement de chacun d’entre eux.
Une fois que j’ai tout découpé et assemblé à sec je réalise les collages en deux demi cadres.
Un fois que j’ai ce triangle avant, je viens positionner mon triangle arrière. Il est composé de trois plis : frêne, Ipé pour le bas et chêne, frêne, Ipé chêne pour le haut. La pièce en métal ou vient se positionner la roue a été découpé à la meuleuse dans un bout de métal qui traînait puis brossé et peint en noir. La liaison entre les deux se fait par collage et vissage.
Ensuite, je viens faire les ajustements angulaires pour pouvoir y glisser la roue et pour que ce soit droit. Ce n’est pas une mince affaire. Je prends beaucoup de temps et de reprise puis encore collage.
Une fois terminé, je ponce le tout et voilà j’ai un cadre de vélo !
Quel travail !
Et ce n’est pas fini. Vient la partie perçage du trou de cassette pour le pédalier et la fourche. Comme je n’ai pas de perceuse à colonne, je l’ai fait à la visseuse puis fini à la râpe à bois pour tout ajuster. Etape un peu stressante car si on est excentré le cadre part à la poubelle ou au barbecue. J’ai 0.2mm d’excentricité sur la couronne de pédalier sur un tour, c’est plutôt bien.
La finition est réalisée par une couche de fond dure PU puis deux couches d’Osmo poly X. Cela ne devrait plus bouger pour les années à venir et cette finition laisse respirer le bois. Ca va éviter que celui-ci se déforme s’il y a une entrée d’humidité quelque part.
Et le montage final ?
C’est très basique, sauf la chaîne que j’ai du recouper car ma distance pédalier pignon n’est pas standard.
Tu es satisfait du résultat ?
Oui le vélo roule bien, il vient de passer les 2000km. Je roule tous les jours entre 20 et 60km dessus. J’ai du reprendre le serrage de la cassette de pédalier une fois. A refaire je fixerais un tube aluminium à cette endroit pour pouvoir serrer plus fort.
Bonjour,
dans l’objectif de réaliser un projet en école d’ingénieur, est ce qu’il est encore possible de contacter la personne ayant fabriquée le vélo pour avoir les caractéristiques de celui ci, tel que le poids, le type de roue etc.
Si cela est possible, vous pouvez me contacter par mail.
Bonne journée,
Emmanuelle.